Canonica
Au crépuscule de l’empire romain, la Corse constituait la province la plus septentrionale du royaume vandale d’Afrique du Nord. Elle connut une période économiquement prospère au Ve siècle avec une multiplication des échanges. De nombreux objets sont alors importés à Mariana, particulièrement depuis la riche Afrique du nord (amphores, céramiques…).
C’est dans ce contexte que le complexe chrétien, composé d’une basilique associée à un baptistère attenant, actuellement visibles le long de la voie antique, est construit. Il s’agit probablement dès l’origine de la cathédrale et du siège de l’évêché de Mariana.
La basilique mesurait 39 mètres de longueur pour une largeur de 17,90 mètres. Son plan était d’un type très répandu en Occident : trois nefs séparées par deux files de huit colonnes de granite. Les bases et les chapiteaux ioniques de ces colonnes étaient en marbre blanc. A l’est, une abside semi-circulaire était encadrée par deux annexes. A l’ouest, un vestibule appelé narthex accueillait les fidèles non encore baptisés. Cette église possédait un chœur surélevé sur lequel se trouvait le maître-autel ainsi qu’un large banc presbytéral où prenaient place l’évêque et son clergé. Le sol était entièrement décoré d’un pavement de mosaïques polychromes aujourd’hui déposé. A la limite orientale du chœur, un panneau de ce pavement illustrait un passage du Livre d’Isaïe (11, 7) : le lion et le bœuf réunis à la même mangeoire. Cette scène, bien connue en Orient au VIe siècle, est actuellement unique en Occident. Des motifs tirés du monde animal et végétal, ainsi qu’un décor géométrique complétaient la mosaïque. Le sol des bas-côtés était lui aussi orné de mosaïques polychromes à décor géométrique issu d’un répertoire bien connu à la fin de l’antiquité, depuis l’Adriatique jusqu’à l’Afrique du nord.
Cette basilique a subi un certain nombre de modifications jusqu’à la construction de la cathédrale médiévale. Ainsi, les colonnes furent d’abord remplacées par des piliers en briques. Puis, les entrecolonnements furent bouchés, réduisant ainsi la basilique à sa seule nef centrale.
Le baptistère est contemporain de la basilique. Il se présente comme une petite construction de plan cruciforme au centre de laquelle a été aménagée une cuve baptismale qui a subi plusieurs transformations jusqu’au Moyen Age : d’abord de plan cruciforme aux angles arrondis, puis octogonal, elle fut finalement reconstruite sur un plan circulaire. Ce dernier état correspond probablement à une utilisation médiévale. A l’intérieur, le long des murs orientaux, une banquette et des bases de colonne témoignent d’un décor architectural plaqué (colonnes de granite et bases de marbre). La niche orientale conserve peut-être aussi l’emplacement d’une chaire épiscopale. Le sol était entièrement recouvert de mosaïques polychromes. Les motifs sont presque tous tirés du monde aquatique : quatre personnifications d’Océan aux angles, des dauphins, poissons et canards. Le seul élément sûrement biblique est constitué par un cerf s’abreuvant à la source d’Eau vive (Psaume, 41, 2).