Un inventaire de 7 000 références

Le patrimoine antique de Lucciana va considérablement s’étoffer au fil du temps.

cathedrale mediavale

Huit mille visiteurs en moyenne découvrent chaque année, principalement en juillet et août, le site archéologique de Mariana qui n’a encore révélé qu’une petite partie de ses richesses. La fréquentation des lieux reste confidentielle, elle connaîtra très certainement un regain significatif dès l’ouverture du futur musée prévue début 2016.

Les premiers travaux devraient débuter d’ici un an, la réception du bâtiment d’une surface utile de 1 800 m2 est en principe programmée pour la fin 2015. Ces trois dernières années, le projet porté par la municipalité de Lucciana a franchi plusieurs étapes déterminantes qui légitiment, si besoin était, son accomplissement : la réalisation d’un inventaire du produit des fouilles effectuées depuis les années 60, l’obtention du label national musée de France et la mise en place d’un solide partenariat institutionnel et scientifique.

Un programme thématique

« L’appellation décernée en février 2012 par le ministère de la culture a été un élément primordial en effet, affirme Isabelle Dahy, chargée de mission, en charge du projet. Aujourd’hui, le musée existe scientifiquement et culturellement, il ne lui manque plus que sa coquille. Un concours d’architectes est lancé, on tend vers une architecture contemporaine qui s’inscrirait dans un dialogue avec la Canonica. Nous travaillons désormais sur le contenu, l’élaboration d’un programme muséographique thématique, la mise en valeur de la collection ».

Ainsi, le futur parc muséographique, « énorme chantier d’un point de vue réglementaire », comprendra, outre le musée « Prince Rainier III de Monaco » implanté, après fouilles préventives, au sein même de la cité antique, la réserve archéologique de cinq hectares, porteuse de belles promesses.

Une équipe d’archéologues attendue

On pense que l’espace archéologique, endormi sous plusieurs couches de limons du Golo, couvre en réalité une surface de 50 hectares alors que les fouilles entreprises n’ont porté à ce jour que sur une étendue de 2 500 m2, et deux hectares environ pour ce qui est de la zone suburbaine.

Les dernières prospections sur le site datent des années quatre-vingt-dix, elles ont été menées par Philippe Pergola qui a cessé les recherches en 2007.

L’archéologue a notamment mis au jour une mosaïque de près de 200 m2. Et c’est à partir de ce moment, qu’a germé le projet actuellement en cours. « Une équipe d’archéologues sera la semaine prochaine sur le terrain pour une quinzaine de jours et suivra les études de restauration pour les trois années à venir, précise Isabelle Dahy, soulignant qu’il n’y a jamais eu jusqu’ici, de réelle campagne de mise en valeur ».

Huit cents pièces de monnaie

Tous les vestiges prélevés à Mariana, y compris le produit des fouilles de Geneviève Morrachini-Mazel (1958 à 1967) sont actuellement conservés à Crucetta. L’inventaire qui en a été fait, achevé au printemps dernier, est riche de plus de 7 000 références dont 2 000 devraient composer l’exposition permanente à travers un parcours thématique et chronologique. «De nombreux chercheurs travaillent avec nous depuis six mois dans ce cadre », ajoute Isabelle Dahy.

Parmi ces précieux objets, des éléments d’architecture civile ou religieuse, des céramiques, des verres, des pièces de vaisselle, des bijoux, des vêtements, prélevés dans les tombes, plus de huit cents pièces de monnaie.

Sur une tuile, l’empreinte du pied d’un enfant

« Et une petite collection épigraphique qui permet de retracer la vie des habitants de Mariana, de retrouver leurs noms de famille », souligne Isabelle Dahy. On a mis également au jour des choses bien plus touchantes que des tessons de vaisselle, ou de la monnaie : des découvertes comme l’empreinte du pied d’un enfant sur une tuile plate, ou encore des empreintes digitales sur une poterie évoquant l’artisan qui vivait voici plus de 2 000 ans, constituent toujours une charge d’émotion. ce ne sont que quelques exemples ».

Après la phase d’inventaire, débute celle du reconditionnement et de la restauration afin de stabiliser les objets les plus fragiles.

Le patrimoine antique de Lucciana va considérablement s’étoffer au fil du temps et le futur parc archéologique constituera un outil exceptionnel en termes de connaissance historique et d’échanges scientifiques. Pour tous ceux qui portent ce projet, ce n’est que le début d’une passionnante aventure.

Corsematin.com